Terra / Sebastião Salgado
En 2017, le photographe franco-brésilien Sebastião Salgado a fait son entrée à l’Académie des beaux-arts au sein de l’Institut de France, rejoignant ainsi Bruno Barbey, Jean Gaumy et Yann Arthus-Bertrand, parmi les photographes immortels. Artiste prolifique et militant, Salgado propose en effet un regard singulier sur le monde à travers une œuvre dense qui se veut le témoin de la condition humaine et qui mérite à ce titre une telle sanctuarisation.
Entre nature et culture, entre esthétique et documentaire, ses images s’appuient sur un symbolisme poignant, marquées par une véritable mise en scène nourrie d’une iconographie universelle, mais aussi sur une contextualisation précise qui renvoie aux crises rencontrées tout autour du globe lors de ses reportages. Par l’admiration qu’elles suscitent, par la précision documentaire qu’elles recèlent, elles nous amènent à réfléchir et à prendre du recul sur notre place en tant qu’être humain dans notre environnement.
Parce que Salgado se pose la question des rapports entre l’homme et le territoire où il vit, il s’intéresse forcément à la terre, à son exploitation, à sa propriété, et aux conflits que ces questions engendrent. En 1997, il publie une œuvre qui fera date : Terra. En avril 1996, le conflit agraire brésilien a pris une tournure tragique et le photographe en a fait un reportage qui vient décrire une situation faisant écho à celle vécue autrefois en Chalosse par les métayers. Certes, les paysans sans terre brésiliens, dans l’attente d’une réforme agraire toujours repoussée, sont soumis à une situation qui n’a rien à voir avec ce que fut la question du métayage landais, mais la crise de 1996 procède du même sentiment que quelques-uns confisquent une terre censée pourvoir au bénéfice de tous, et engendre la même révolte.
Si loin, si proche : même en mettant en évidence la singularité de chaque peuple et de chaque territoire, toute l’œuvre de Salgado remet en perspective leurs ressemblances pour appréhender notre condition humaine, dans un environnement souvent hostile et un monde globalisé qui laisse de moins en moins de place à cette singularité, au mépris de l’ordre naturel des choses. Il était donc indispensable d’accueillir le Brésil en Chalosse pour célébrer cette œuvre majeure de l’histoire de la photographie, et y déceler ce qui nous rassemble en tant qu’êtres humains.
Exposition mise à disposition par Frères des Hommes Belgique.
Exposition prolongée jusqu'au 6 octobre 2019.